L'AUTEUR DU MOIS

L’auteur du mois de Mai : William

En ce joli moi de Mai, Bande à bulle a le plaisir d’interviewer William. Le dessinateur natif de Millau est notamment connu pour sa série Les Sisters en collaboration avec Christophe Cazénove.

Sa prochaine bande-dessinée intitulée Tizombi, est publiée chez Bamboo. Elle sera disponible le 31 Mai chez votre libraire. Il s’agit d’un petit zombie affamé et cherchant constamment à dévorer tout ce qu’il trouve. Accompagné de son amie Margotik, vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer au cours de cette lecture !

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Tout d’abord merci William d’avoir accepté cette interview. Pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes arrivé dans le monde la BD ? 

En 1996, j’ai participé à un concours organisé par les membres d’un salon BD à Compeyre, petit village dans l’Aveyron. J’ai reçu plusieurs prix et j’ai pu discuter du métier avec les auteurs présents: Michel Janvier, Fabrice Meddour, Jean Claude Mézières ou Curd Ridel. Suivant leurs conseils, j’ai envoyé mes dessins à plusieurs éditeurs pour savoir ce que je valais vraiment. La famille est rarement objective. A l’époque, je travaillais dans une entreprise d’ameublement la nuit et je dessinais la journée. J’ai appris seul en observant et recopiant mes  » maîtres » en la matière: Bilal, Druillet, Franquin ou Gotlib, des auteurs aux styles très différents. Ayant suivi des études en hôtellerie, j’avais du mal à me projeter en tant que dessinateur. Drôle de cursus. Mais je savais depuis que j’étais gamin que ce serait ça mon métier; Auteur de bande-dessinées et non cuisinier. J’ai reçu quelques réponses négatives, c’était déjà ça. Fort des encouragements et critiques des rares éditeurs à m’avoir répondu, j’ai continué à y croire. Mes premières armes, je les ai faites avec une BD humoristique « scénarisée par André Triana; artiste clown de métier » Astros Cité des Ados , 40 planches en couleur. Personne n’en a voulu. Puis, j’ai testé un univers plus réaliste. Une romance médiévale intitulée « Alban de Montcausson » Scénarisée par Philippe Ajalbert et qui a enfin été éditée chez Aveyron BD chez qui je publiais des dessins humoristiques. « Les aventures d’Anna Veyron ». Et puis tout s’est enchaîné très vite. La rencontre avec le cinéaste Georges Lautner ( Les tontons flingueurs, Le professionnel etc… ) par le biais de l’éditeur Emmanuel Proust. Un dyptique est né de cette association: Baraka, avant de proposer les sisters à l’éditeur Bamboo en 2007.

Une nouvelle fois, vous travaillez avec Christophe Cazénove au scénario, cette collaboration semble bien marcher ?

Christophe et moi avons beaucoup de points 11214225_10207475519663210_6413989450780779953_n.jpgen commun, notamment les goûts pour les films d’horreur. Ça peut sembler bizarre quand on lit nos albums Les sisters… où tout n’est pourtant pas si rose. Il y a quelques pistes avec la série dérivée « Les Super Sisters » dans laquelle nous nous sommes fait plaisir en y incluant des personnages secondaires comme des dragons, lutins, sorciers, gorilles géants ou trolls des bois. Un avant goût en quelques sortes de ce qui allait suivre avec Tizombi. J’aime travailler avec lui car il a toujours des tas d’idées et une capacité incroyable à s’adapter à un univers pour pondre des gags à la page à un rythme d’enfer. Nous avons fait plus d’une quinzaine d’albums ensemble en dix ans, si c’est pas une preuve d’un duo qui fonctionne ça ?!

Comment vous est venue l’idée de créer Tizombi ?

J’ai repéré un dessin de Marine, qui devait avoir 8 ans, dans lequel elle avait croqué un de ses camarades de classe; un petit garçon aux yeux cernés de noir. « Tu vois papa, il a des cernes passk’il dort pas ». Il ne me restait plus qu’à lui rajouter un beau sourire carnassier et j’avais un joli zombie prêt à l’emploi. Il a d’abord fait des siennes sur son blog en 2009 : Le blog Tizombi. Les gags n’avaient ni de chutes ni de sens, mais ils semblaient plaire à quelques curieux qui passaient par là par hasard. Ça tournait toujours autour du nombril du monstre qui ne pense qu’à se remplir sa panse et qui vit seul isolé auprès de sa croix. Pas de quoi se mordre l’oreille.

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Pensiez-vous un jour que les dessins de Tizombi (publiés sur son blog ) seraient réunis dans un album ?

On me demandait souvent si une BD était prévue. Je répondais que non, jusqu’à ce que je me décide un jour de publier à compte d’auteur une centaine d’exemplaires d’un premier recueil, regroupant les différentes scénettes postées sur le blog. Ça me suffisait et le zombie marmot ne demandait pas plus pour garder le sourire. Les recueils se sont très vite vendus. Il y avait bien un public pour ce genre de personnage.

Aviez-vous des restrictions de la part de votre maison d’édition ?

18788256_10212791791326679_375765701_n.jpgOlivier Sulpice, l’éditeur, n’aime pas les zombies, il déteste ça je crois. Il en a même peur. Paradoxalement, il aime bien Tizombi. Peut-être parce qu’il est né zombie et qu’il a une bonne bouille. Il a du charme, il tombe les filles comme des mouches avant de les croquer direct aux mollets tel un monstre affamé ! Il nous laisse nous amuser presque sans censure ? C’est quand même une BD d’humour et on se permet de délirer complet dans cette série. Je sais que Christophe a adopté le « Timorfal » et il adore le mettre en scène dans de drôles de situations ( il explore des univers parallèles au travers des tombes ). Une idée que je n’aurais jamais eu et qui fonctionne bien.

A qui s’adresse cet album en priorité, est il plutôt destiné à la jeunesse ou aux adultes ?

Tizombi peut être lu par presque tout le monde. Je le vois bien en dédicace quand je montre les premières planches. Sur sa page Facebook aussi. Les enfants aiment avoir peur. Même si cet univers semble un peu glauque, c’est traité avec humour. Mais il croque des humains et ça peut choquer certaines âmes sensibles. Vaut mieux feuilleter avant de lire ça aux chères têtes blondes le soir au moment du coucher.

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Combien de temps vous a t’il fallu pour concevoir le tome 1 de Tizombi ?

J’ai mis 4 mois à le réaliser. Pas trop le cho18763385_10212791695964295_45675391_n.jpgix, vu que je travaille aussi sur la série les Sisters. Du coup, j’ai demandé de l’aide pour la couleur. C’est Élodie Jacquemoire qui y a mis sa patte et a créé de belles ambiances. Je suis vraiment bluffé par son travail. Christophe a écrit le scénario en s’inspirant des personnages et de l’univers que je lui proposais. Je tenais à ce que les histoires se passent toujours dans le cimetière. Il a donné une âme à ses êtres qui en sont, selon la mythologie du zombie, dépourvus.

Comment travaillez-vous au niveau du dessin ?

18767309_10212791791406681_630117493_o.jpgComme pour un album des Sisters. Je mets en case de A à Z sur ma tablette. Le fait de ne pas avoir à scanner me fait gagner un temps fou. Et on peut recommencer un dessin indéfiniment. C’est mon côté perfectionniste et aussi un peu Geek qui m’a poussé à utiliser cette technologie. Depuis quelques années, mes planches BD sont dématérialisées. Je n’ai plus d’originaux, mais je me console en me disant que je sauve des forêts ^^. Mais le geste du dessinateur reste le même, rien ne se fait tout seul. En dehors de la BD, je dessine toujours sur papier, mais uniquement pour réaliser une illustration libre, pour le plaisir de créer  « à l’ancienne » et d’entendre le chant magique du crayon.

Dans Tizombi, l’univers gothique est associé à l’humour, n’était-ce pas trop difficile à mettre en scène au niveau graphique ?

Je n’ai pas éprouvé de difficultés particulières au contraire. Margotik a de très grands yeux et c’est l’idéal pour faire passer toutes sortes d’émotions. Les zombies ont l’air de zombies, bien qu’un peu plus comiques, mais tout aussi voraces. J’aime cultiver ce paradoxe. Avec l’humour et la caricature on peut pousser le gag jusqu’à l’absurde et donc, le ressort comique fonctionne. Même avec une ambiance aussi morbide.

Pour finir cette interview, prévoyez vous une suite à Tizombi T1 ?

Nous le souhaitons tous crocs dehors. Les idées pour les prochains albums ne manquent pas. C’est vraiment un bonheur de changer de décors un peu. J’aime toujours autant travailler sur les Sisters, mais si Tizombi plaît, alors, pourquoi pas faire les deux.

Merci à William d’avoir répondu à nos questions. Bande à bulle vous dit à bientôt pour de nouvelles entrevues et une chronique de l’album ! Pour finir voici quelques images exclusives de la BD ! 

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